La broderie sur tulle

Broderie exécutée sur tulle mécanique qui imite la dentelle aux fuseaux. La technique la plus courante employée est celle du point de reprise, travaillé soit d’après un dessin, soit à points comptés , on l'a combine à divers autres points (point de chausson, passé plat, plumetis) et, éventuellement, à des incrustations ou à des applications. En associant en outre diverses qualités de fils (fil à torsion lâche, fil perlé, fil de soie), on obtient des résultats ravissants. Il faut cependant choisir un fil et un type de broderie assez légers pour ne pas risquer de briser les fils délicats du tulle, ce genre d’ouvrage étant pratiquement impossible à réparer.

Autrefois, la broderie sur tulle faisait souvent appel à des lacets fins que l’on ne trouve plus aujourd’hui dans le commerce. On peut cependant les remplacer, sur un tulle très ouvert, par des rubans étroits ou par les fils que l’on emploie généralement dans le tricot structuré. Une autre variante consiste dans l’application de batiste, de voile ou d’organdi sur un fond de tulle ; les ouvrages de Carrickmacross sont l’exemple le plus connu de ce type de réalisation.

Comme au XIXème siècle, la broderie sur tulle est aujourd’hui utilisée dans la confection de napperons, de robes et de bonnets de baptême ou de voiles de mariée. Elle ne supporte que le lavage à la man ; il est donc recommandé de n’en garnir que des pièces de l’on traitera avec précaution.
Mais, la broderie sur tulle peut également être utilisée d'autres manières, comme les oeuvres de Barbara Frey, qui ont été exposés lors du dernier salon Stitch 2003, organisé fin mars à Londres. A cette occasion, un stand présentait des tableaux brodés démontrant que la broderie sur tulle peut être également utilisée d'une manière très contemporaine, avec beaucoup de bon goût.

Le tulle est un tissu léger et transparent formé par un réseau de fines mailles généralement rondes ou hexagonales. L’appellation de tulle, qui évoque surtout aujourd’hui un tissu industriel bon marché dont on fait des voiles de mariée, des moustiquaires et des tutus de danseuses, recouvre pourtant des ouvrages textiles très différents et, pour certains, fort anciens.

L’histoire du tulle commence au XVIIème siècle, dans la ville corrézienne du même nom, quand Colbert, en 1665, y implante une manufacture. On y fabrique alors une sorte de filet noué aux mailles très fines, que l’on brode avec raffinement. Ce « point de Tulle » remplace parfois la dentelle, plus coûteuse, dans les jabots, les manchettes et les coiffes. Dès la fin du XVIIème siècle, son succès est assuré, grâce à la légèreté et à son prix modéré, et ce jusqu’à la fin du règne de Louis XVI. Au XIXème siècle, la production du point de Tulle ne cesse de décroître et, après un regain de popularité entre 1920 et 1935, elle disparaîtra avec la deuxième guerre mondiale.

Au début du XIXème siècle, les Anglais avaient mis au point des machines capables de fabriquer un réseau imitant le drochel aux fuseaux qui servait de fond à la dentelle de Bruxelles. Cette imitation mécanique prit le nom de « twist net » ou e « bobbinet » puis de « bobbin tulle » (tulle aux fuseaux), qui devint ensuite tulle tout court lorsqu’elle fut introduite en France sous la Restauration, à Cambrai d’abord, puis à Calais et enfin à Tulle.

Les tulles mécaniques de cette époque, fabriqués selon une technique où les fils de trame s’entrelacent en diagonale avec les fils de chaîne pour former les mailles, étaient très variés dans leur structure comme dans leur matériau de fabrication. On en trouvait en soie, en lin, en coton, avec des mailles plus ou moins fines, plus ou moins travaillées, rondes, carrées, hexagonales.

Certaines de ces productions mécaniques servirent de base à de ravissantes broderies sur tulle qui connurent un grand succès au XIXème siècle, comme les imitations de dentelle du comté de Limerich, en Irlande, dont les fonds ajourés étaient remarquablement beaux.

D’autres, bientôt ornées de motifs figuratifs grâce à une technique de fabrication plus élaborée, furent destinées aux tissus d’ameublement, notamment aux rideaux. On les connaît sous le nom de tulle anglais.

Le point de tulle - Point de feston utilisé en dentelle à l’aiguille ainsi que pour le remplissage des fonds ajourés. Les points sont alignés en rangées, pris les uns dans les autres. Le point de tulle a de nombreuses variantes : double, triple, sur fils tendus, surjetés ou avec point tissé, par exemple. Il est parfois appelé point de Bruxelles. On appelle également point de tulle certains réseaux de dentelles, par analogie avec les ouvrages fabriqués autrefois à Tulle, en Corrèze.

La broderie sur tulle - Exécuter la broderie sur un tulle de coton de préférence, avec des fils de coton ou en lin de deux épaisseurs : l’un de la grosseur du tulle et l’autre un peu plus épais pour souligner les contours de certains motifs. Utiliser une aiguille à bout rond. Pour les applications, découper le surplus d’étoffe des applications avec des ciseaux arrondis dits à lentilles ou tullistes, de manière à ne pas abîmer le tulle. Comme le tulle se déforme lorsqu’on le tend sur un métier à broder, le bâtir d’abord sur un fond stable et raide de couleur contrastante (papier, carton ou toile épaisse) en veillant à ce que les mailles soient placées droit-fil. Pour travailler sur tracé, glisser le modèle entre le tulle et le fond, après avoir éventuellement reporté le dessin au dos d’une feuille de papier transparent de façon que le tracé ne marque pas le tulle. Lorsqu’on doit réaliser une broderie de grande taille, travailler sur 30 cm environ et déplacer le tulle au fur et à mesure que l’ouvrage avance. Rouler le tulle sur les côtés pour éviter de l’abîmer.

Pour d'autres informations concernant les points de la broderie sur tulle :
- Artisanat pour Tous
- Le Conservatoire de la broderie perlée
- Le site de Jullion