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Sable, point de - Points arrière ou devant remplissant en rangs réguliers ou bien de manière dispersée le fond d’une broderie blanche, noire ou de laine - une broderie crewel notamment.

Sablé - Tissu dont l’armure, dérivée des satins réguliers, présente des motifs grenus orientés en diagonale. On l’appelle également armure cailloutée.

Safran - Cette plante bulbeuse (Crocus sativus) de la famille des iridacées est originaire de Perse, d’Asie Mineure ou de Grèce. Il ne faut pas la confondre avec le colchique - ou safran des prés - qui lui ressemble mais qui est très vénéneux. Les auteurs anciens (Homère, Virgile, Pline et Plutarque) mentionnent déjà le safran comme teinture textile, notamment pour colorer en jaune les voiles des mariés styriens. Le safran fut peut-être directement importé en Provence par les Grecs, fondateurs de Marseille. Ce furent les Maures en tout cas qui l’introduisirent en Espagne ; sa culture se répandit ensuite dans d’autres pays européens. Il fut longtemps cultivé intensivement dans les régions d’Alicante et d’Almeria en Espagne, comme dans le Gâtinais, où il est encore produit. On l’emploie également en pharmacie, ainsi que comme condiment et colorant alimentaire.
Au Moyen Age, le safran était le colorant jaune le plus employé. La matière colorante, appelée crocéine et soluble dans l’eau, est contenue dans les stigmates. Un gramme de safran peut colorer visiblement 200 litres d’eau. Mais chaque place ne produit qu’une ou deux fleurs et il faut 70 à 80 000 fleurs pour fournir 1 kilo de safran. C’est donc un produit coûteux, souvent fraudé par un mélange d’étamines de carthame ou de pétales de souci.

Saint-Gall, broderie de - Détentrice d’une tradition séculaire de tissage de fines étoffes en laine et en lin, cette commune helvétique vit s’implanter au XVIIIème siècle une production de broderie blanche sur mousseline. Ces réalisations imitaient à l’origine les superbes broderies de Saxe dites aussi Point de Dresde, et leur délicat décor floral comptait des points de feston, de chaînette, d’oeillet, de sable et du passé plat. Plus tard, Saint-Gall se caractérisa par ses entre-deux de dentelle à l’aiguille et ses broderies en relief, techniques que l’on mettait aussi en oeuvre dans la ville voisine d’Appenzell.
Durant la seconde moitié du XIXème siècle, la machine à broder fut adaptée localement à la production des broderies et des dentelles brodées, avec un tel succès que les nouveaux articles se distinguaient difficilement des ouvrages décorés à la main. La dentelle de Saint-Gall, appelée également dentelle chimique, était brodée à la machine avec un fil de coton sur de la soie. Celle-ci était ensuite dissoute dans un bain de chlore ou de soude caustique et seule demeurait la broderie. Des imitations de nombreux types de dentelles furent ainsi réalisées.
A l’époque de leur plus grand renom, les dentelles brodées de Saint-Gall, que l’on peut encore admirer au Musée des arts et métiers de la ville, étaient exportées vers une centaine de pays. En 1910, on comptait 16 500 machines à broder à Saint-Gall ; on n’en dénombre plus aujourd’hui que 800 environ, mais la production est toujours importante.

Samit - Souvent mêlée de fils d’or ou d’argent, cette riche soierie unie ou à motifs imagés - est originaire du Moyen-Orient où sa fabrication remonte probablement au IIIème siècle. Etoffe de grande valeur - on dit que Charlemagne rapporta d’Espagne des samits et des pierres précieuses -, elle enveloppait les reliques dans les trésors des cathédrales et fut l’un des tissus de luxe les plus utilisés jusqu’au XIIème siècle. Le samit était encore fabriqué en Espagne et en Italie aux XIIIème et XIVème siècles, mais peu à peu le lampas le remplaça.
Du point de vue technique, le samit était fabriqué avec une chaîne dominante, une chaîne de liage et deux trames au minimum. La chaîne dominante ne participait en rien au liage mais se déplaçait de manière à faire passer les fils de trame alternativement au-dessus et au-dessous, afin de constituer aussi bien le fond que les motifs, tandis que la chaîne de liage maintenait la trama en armure sergé. Lorsque cette chaîne de liage formait une toile avec les trames, le tissage était dit taqueté.

Sampler - Voir article.

Sashiko, broderie - Au début du 18e siècle, les épouses des fermiers, pêcheurs et bûcherons japonais confectionnaient de chauds vêtements en cousant deux pièces de tissu épais ensemble en utilisant un point droit sur toute la grandeur du vêtement. Au départ, la broderie servait à renforcer le tissu et couvrir des accrocs mais devint vite décorative. Vers la fin du 18e siècle, ce type de broderie fut son entrée dans les villes, et les points de broderie devinrent plus élaborée. La Sashiko est utilisée pour les vêtements, les accessoires, la literie et le linge de table.

Scanie, broderie de - Dans cette région du sud de la Suède, les brodeuses ornent depuis le XVIIIème siècle des taies de coussin, des tapis et des courtines en lainage foncé. Le décor des broderies est plus ancien encore, avec des emprunts au style Renaissance, par exemple. Le motif central peut être varié - figures bibliques comme Adam et Eve, mythiques comme la licorne et le lion, ou simplement décoratives comme le bouquet et la guirlande - tandis que les écoinçons consistent généralement en ornements floraux stylisés. L’ouvrage est réalisé avec des fils de laine, au passé nuancé, au point de tige et à points ajourés sur réseau à fils tirés.

Schappe - Fil fabriqué avec les déchets de soie récupérés au cours des opérations de filature et de tissage. Contrairement au fil de soie extrait d’un cocon, le fil de schappe est discontinu. Le tissu obtenu est moins lustré et plus fragile que celui confectionné avec le brin de soie continu.

Scheenberg - Important centre dentellier situé dans la région est-allemande d’Erzgebirge. La dentelle y fut introduite vers 1560, après la fermeture des mines d’argent, afin d’éviter la famine et l’exode. Outre les productions en fil de lin, on a réalisé à Schneeberg des dentelles métalliques et, au XIXème siècle, des blondes de soie.
La raison principale du développement de ce centre fut l’instauration précoce d’un excellent système d’enseignement qui permit la formation de nouvelles ouvrières. La première école dentellière, fondée en 1808, fut suivie en 1810 par la création d’un institut destiné aux dessinateurs de modèles et à la formation des professeurs. Vers 1910, on y développa une technique de dentelle au lacet appelée depuis technique de Schneeberg, mise en oeuvre à l’aide de fuseaux peu nombreux. Ces dentelles au lacet sont rapidement réalisées et nécessitent une quantité réduite de fil.

Sedan, point de - De 1665 à 1675, Sedan fut le siège d’une manufacture royale de dentelle, l’une de celles voulues par Colbert et Louis XIV. Cette dentelle à l’aiguille, semblable au point de vue technique aux autres Points de France, se rapproche de l’Alençon par le fond de brides picotées, mais ses motifs floraux sont plus grands et d’un dessin plus riche et plus dense.

Seersucker - Ce terme anglais - qui dérive lui-même de l’iranien shirushakar signifiant cloqué ou froncé - désigne un tissu alternant des rayures cloquées et des rayures non cloquées ; les deux sortes de rayures présentent généralement des couleurs contrastées, l’une étant le blanc. Le gaufrage est obtenu par la tension différente donnée aux groupes de fils de chaîne lors du tissage, les fils les moins tendus formant des vagues. De nos jours, on peut également obtenir cet effet à l’aide de procédés chimiques qui font rétracter certains fils suivant un dessin donné. Avec cette méthode, le cloquage est indépendant du sens de la chaîne, ce qui permet une plus grande variété de motifs, autorisant, par exemple, la formation de carreaux.
Le seersucker est généralement tissé en coton ou dans un mélange de coton et de polyester. C’est une matière légère et d’entretien facile, ne nécessitant pas de repassage : il est considéré comme le premier des tissus infroissables. Il est réservé aux chemises, chemisiers et vêtements d’été, ainsi qu’aux tissus d’ameublement légers.

Serge - Tissu de laine d’armure sergé, présentant des côtes diagonales inégales ; les deux faces sont différentes. La serge est fabriqué dans des qualités diverses, en laine cardée ou peignée - le haut de gamme -, pure ou mélangée à du polyester. La serge couverte est une étoffe foulée et tondue, et son aspect poilu l’apparente à la flanelle. La serge est utilisée en confection masculine et féminine pour tailleurs, costumes et pantalons.

Shantung - Etoffe à armure toile, traditionnellement fabriquée dans la province chinoise du même nom, avec la soie de certains papillons vivant à l’état sauvage sur le chêne. Cette fibre, appelée soie tussah, est plus épaisse et moins régulière que la soie du bombyx d’élevage. On ne peut la plonger dans l’eau bouillante pour la débarrasser de son grès ; il est donc prudent de repasser le shantung à sec pour éviter de le lustrer. Il est souvent apprêté avec un amidon de riz qui disparaît au premier lavage. Ce tissu solide résiste mieux à la lumière que la soie. Aujourd’hui, on appelle shantung des étoffes en soie naturelle ou bien en fibres synthétiques, tissées avec des fils d’épaisseur irrégulière.

Shetland - Laine fine et brillante prélevée sur les moutons des îles Shetland, situées au nord de l’Ecosse. La laine shetland, d’un prix élevé, est destinée au fil à tricoter et au tissage de l’étoffe shetland, un tweed à armure sergé, foulé et légèrement gratté. Autrefois, ce tissu était fabriqué sur les îles mêmes, sur des métiers de petite largeur. Aujourd’hui, on le fabrique industriellement en largeurs diverses, aux îles Shetland et ailleurs, avec des laines shetland ou des matières approchantes.

Shibori - Nom japonais du plangi, technique traditionnelle de teinture en réserve par ligature. On trouve déjà des tissus décorés de cette manière dans le trésor du Shoso-in de Nara (VIIIème siècle). Les décors sont en général formés par de petits anneaux disposés irrégulièrement ou de manière à former une suite ou un motif floral.

Shirting - Tissu de coton bon marché, fortement apprêté et calandré, qui servait jadis dans les pays anglo-saxons comme étoffe de chemise (de l’anglais shirt). Le shirting est doté d’un grain allongé dans le sens de la chaîne, dû au fait que les fils de celle-ci sont plus gros que les fils de trame.

Shisha, broderie - Ce travail également appelé shishadur, qui consiste à incruster de petits miroirs (shisha) dans une étoffe, est souvent associé à l’art textile indien et pakistanais ; il est cependant mis en oeuvre dans d’autres régions, dont l’Indonésie et l’Afghanistan.
A l’origine, les miroirs étaient légèrement convexes et relativement grands, puisqu’ils mesuraient jusqu’à 3 centimètres de diamètre. Il s’agissait de boule de verre soufflé, argentées à l’intérieur, que l’on brisait en petits morceaux. Ces premières broderies sont faciles à distinguer des ouvrages récents, dont les miroirs plats, plus épais et plus petits que les précédents, sont de fabrication industrielle.
L’histoire mouvementée de l’Inde et du Pakistan, dans le domaine économique aussi bien que politique, a rendu fort complexe la préservation et la description du patrimoine textile. Ainsi, les plus anciennes broderies à miroirs préservées à ce jour et qui proviennent de familles aristocratiques ne datent que du XVème siècle.
On croit pourtant pouvoir attribuer l’invention de cette technique à des tribus primitives de la province d’Assam, près de la frontière de la Birmanie. Ces nomades employaient des graines, de petits mollusques, des pièces de monnaie et de miroirs pour embellir leurs étoffes. Le shishadur se serait ensuite répandu en Inde orientale.
L’un des facteurs de cette propagation consiste probablement dans le fait que l’artisanat, organisé selon un schéma familial, comprenait, outre les brodeurs attachés aux cours seigneuriales, des spécialistes itinérants qui se déplaçaient d’une maison à l’autre comme nos anciens tailleurs européens. Ces familles ont ainsi transmis leurs techniques et leurs motifs aux femmes du peuple, qui travaillent dès leur enfance au trousseau destiné à témoigner de leurs capacités de maîtresse de maison.
Les pièces miroitantes jouaient le rôle de joyaux et des pierre précieuses incrustés dans les vêtements des maharajas. Elles étaient aussi investies d’un pouvoir magique en permettant de chasser les mauvais esprits, censés craindre leur propre image. Mais la vue d’un costume brodé de petits disques reflétant la lumière dansante d’une lampe à huile révèle la raison d’être principale de la broderie shisha : c’est par souci esthétique que les femmes continuent, aujourd’hui encore, à orner de miroirs leurs costumes et leur linge de maison.

Shishou, broderie - Introduite au Japon il y a plus de mille ans par des artisans coréens ayant étudiés en Chine, cette broderie était au départ réservée aux temples bouddhistes et aux dames nobles, les seuls qui pouvaient s'offrir de telles oeuvres d'art pour orner leurs kimonos et obis. Cette broderie en soie sur soie utilise surtout des points de remplissage comme le plumetis, ce qui nécessite de longues heures de travail, vu la finesse du fil.

Sicilienne - Toile à chaîne de coton et trame de laine brillante, à fils épais. Cette étoffe noire, sorte de lustrine épaisse, était jadis utilisée pour la confection de vestes d’usage, en particulier pour les employés de bureau ou les garçons de café. Aujourd’hui on l’utilise surtout en doublure. Au XXème siècle, on a fabriqué des siciliennes en soie et laine, plus coûteuses.

Pièce de dentelle de Silésie datée du XVIIIème siècle

Silésie, dentelle de - A la fin de la guerre de sept ans, en 1763, le roi de Prusse Frédéric le Grand organisa dans cette région qui borde le fleuve Oder - partagée aujourd’hui entre la République Tchèque et surtout la Pologne - une production de dentelles aux fuseaux qui devait permettra à la population, très éprouvée par la guerre, de survivre. Malheureusement, ce projet était voué à l’échec dans la mesure où manquait l’enseignement indispensable. Lorsqu’en 1855 l’idée fut reprise, cette fois avec de la dentelle à l’aiguille, le gouvernement tira de l’expérience passée les conclusions qui s’imposaient et ouvrit un certain nombre d’écoles pour les jeunes filles de la région.
Dans les villages des monts des Géants (en allemand Riesengebirge), les ouvrières réalisèrent de très beaux ouvrages dans le style de ceux de Flandre et de Venise. Commercialisées par l’intermédiaire du centre de Hirschberg (aujourd’hui Jelenia Gora), ces dentelles se répandirent un peu partout dans le monde.
Dans les années 20, des artistes de Munich dessinèrent spécialement de fort beaux modèles de dentelles Jugendstil - ou Art Nouveau -, qui possèdent aujourd’hui une très grande valeur. La production silésienne fut en outre soutenue par la cour impériale et la noblesse locale, si bien qu’on confectionna des dentelles en Silésie jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.

Sisal - Fibre végétale extraite des feuille de l’Agave sisalana, qui doit son nom à la ville portuaire situé sur la presqu’île du Yucatan, au Mexique, d’où elle était expédiée vers l’Europe. On obtient avec le suc de cette plante une boisson fermentée, mais elle est surtout réputée pour ses applications textiles. D’autres agaves, comme le maguey et le henequen, possèdent des feuilles à fibres fiables, mais le sisal est de loin le plus utilisé.
L’agave est considéré comme plante industrielle depuis fort longtemps au Mexique. Un texte de 1528 rapporte que les Aztèques exploitaient ses feuilles pour fabriquer du papier, du fil à coudre, des cordes, des nattes et des chaussures. Après la conquête du Mexique, les premiers agaves parvinrent en Espagne et en Italie, puis, en 1892, en Afrique orientale après un transit par la Floride.
Les fibres du sisal sont groupées dans les feuilles dont elles constituent l’armature. On compte environ 4 à 5 % de fibres dans les feuilles prêtes à la coupe ; ces feuilles seront cueillies puis lavées, grattées et brossées mécaniquement. Les fibres se composent essentiellement de cellulose mais contiennent aussi une quantité appréciable de lignine qui a pour effet de faire jaunir les articles exposés à la lumière du soleil. Relativement raides et d’un blanc jaunâtre, elles mesurent du 60 à 100 centimètres. Leur comportement s’apparente à celui du chanvre ; elles sont très résistantes à la traction et aux effets de l’humidité et faciles à teindre au moyen de colorants pour fibres cellulosiques.
Le sisal est employé dans la confection de cordes et de ficelles - avec lesquelles on lie par exemple les bottes de foin ; on en fait aussi des sacs, des nattes, des tapis et des chapeaux. Les déchets servent à la fabrication de papier d’emballage et de matériau de rembourrage.

En Grande-Bretagne, au XVIIIème siècle, les hommes portaient des vestes ornées de smocks

Smocks - Cet art remonte au XIIème ou XIIIème siècle et commença par le plissage des chemises, ce vêtement ample porté comme linge de corps. Avant tout une technique de couture, les smocks sont maintenant des bandes de tissu finement plissés et retenus en place par des points faits sur la face visible des plis. Les points utilisés peuvent n'être que fonctionnels, ou hautement décoratifs. Les smocks sont utilisés comme parure de vêtement (robe de bébé, linge de nuit et robes d'été pour femmes et fillettes), les coussins, sacs à main, etc.
Cette broderie, exécutée sur de petits plis verticaux, permet de diminuer ponctuellement la largeur d’un vêtement, au niveau de l’empiècement par exemple, tout en laissant une certaine élasticité.
Smock était le nom anglais de la blouse portée jusqu’au début du XXème siècle par les ouvriers agricoles, les bergers, les charretiers et les marchands anglais et gallois. Il s’agissait d’un large vêtement en forme de T, réalisé dans un sergé ou une toile de coton ou de lin épais, dont les empiècements devant et dos, les épaules et les poignets étaient resserrés au moyen de rangées de broderie. Avec son large col doublé, cette blouse protégeait des intempéries tout en laissant une grande liberté de mouvement.
Les smocks des différentes régions de Grande-Bretagne se distinguaient par des variantes au niveau de la largeur des bandes froncées, des points employés (points de tige, de câble, de chaînette ou d’épine, ou encore nid d’abeille) et des motifs (vagues, zigzags, spirales, cercles, coeurs, feuilles). Vers la fin du XIXème siècle, ils disparurent peu à peu, le Surrey et le Sussex étant les dernières régions où l’on pouvait encore en apercevoir en 1920. La plupart de ces blouses terminèrent leur carrière sur le dos maigre d’un épouvantail.
Vers 1880 pourtant, une illustratrice de livres pour enfants dessina pour ses petites-filles une robe dont l’ampleur était ramenée à l’endroit de l’empiècement par des broderies smockées. Le célèbre magasin Liberty reprit le modèle, qui n’a pas quitté depuis lors la mode enfantine. Toutes les collections de prêt-à-porter pour enfants proposent ainsi des robes ornées de smocks, marque d’une élégance « bon chic, bon genre ». Les robes à smocks pour femmes apparurent ensuite, à l’occasion de la lutte féministe contre le port du corset. Entre 1930 et 1940, ce type de broderie fut très populaire sur les sous-vêtements féminins et les robes, en partie pour sa facilité de réalisation.
Dans le courant des années 1970, la mode emprunta aux costumes folkloriques. On découvrit alors que les Balkans et les pays de l’Est européen se servaient également de smocks - dans des coloris plus vifs et alliés à d’autres formes de broderies - pour régler la largeur des blouses, des jupes et des chemises.

Soie - Voir article "La Route de la Soie en France" .

Soie artificielle - Nom générique des étoffes à base de fibres artificielles cellulosiques ne contenant pas de soie véritable. Cette appellation date de la fin du siècle dernier, époque à laquelle naquirent les premières fibres artificielles, découvertes par les chimistes qui essayaient d’imiter le filament du ver à soie. La rayonne, le bemberg, l’acétate, la viscose et d’autres fibres cellulosiques sont encore aujourd’hui appelées soie artificielle.

Soie tussah - Parmi les soies dites sauvages - c’est-à-dire filées par des vers à soie autres que le Bombyx mori, en dehors des élevages -, la soie tussah est la plus importante. Elle est produite par les chenilles de différents lépidoptères, les plus connus étant l’indien (l’Antheraea mylitta), le chinois (l’Antheraea pernyi) et le japonais (l’Antheraea yamamai). La chenille indienne se nourrit de plantes diverses, produisant ainsi une soie de couleur et de qualité variables, celles-ci étant liées à la nourriture de la chenille. Les variétés chinoises et japonaises se nourrissent exclusivement de feuilles de chêne.
Le cocon de soie tussah est nettement plus grand que celui du ver à soie domestiqué et peut atteindre la taille d’un oeuf de poule. La couleur de la fibre varie selon l’espèce : gris argenté, brun-jaune, verdâtre. Un cocon non abîmé donne entre 1 200 et 1 400 mètres de fil continu. La fibre brute est constituée comme celle du bombyx du mûrier, mais elle nettement plus grossière et irrégulière ; elle est en outre aplatie et comporte des rainures longitudinales, ce qui donne un brillant plus estompé, une main granuleuse et un peu raide.
Lors de la sécrétion, la séricine et la fibroïne sèchent en même temps, ce qui rend un décreusage total impossible. Lorsque l’étoffe est mouillée par endroits, les restes de séricine absorbent l’eau et altèrent le brillant de la soie, lui donnant un aspect taché qui disparaît si le tissu est entièrement trempé dans l’eau. Difficile à teindre et à blanchir, la soie tussah se vend surtout dans des nuances beiges, jaunes et brunes.

Soufre, colorants au - Matières colorantes qui doivent être dissoutes dans une solution de sulfure de sodium pour être utilisées. Ce groupe de colorants, solides et peu coûteux, n’offre malheureusement que des teintes sourdes : bleu sombre, brun, noir, vert olive et kaki. Ils sont surtout utilisées pour la teinture industrielle des velours.

Soumak, point de - Parfois appelé point de tricot, en raison de son aspect maillé, ce point de tapisserie à l’aiguille reproduit la texture des tissages en soumak. La technique est une variante du point de tige, mise en oeuvre au moyen de points obliques brodés verticalement dans un sens puis dans l’autre. Elle est très pratique lorsqu’on veut broder des motifs réclamant un grand choix de couleurs.

Sprang - Voir article.

Stumpwork - Broderie en relief à sujet souvent biblique, qui fut très à la mode en Angleterre entre 1650 et 1690. Le stumpwork était particulièrement apprécié dans la décoration des écrins, nécessaires à couture, miroirs et reliures. Un grand nombre de ces ouvrages en soie aux coloris fragiles ont pu être conservés en très bon état grâce aux boîtes dans lesquelles ils étaient soigneusement rangés.
Le travail était partagé entre un artiste professionnel, qui commençait par tracer à l’encre les grandes lignes des motifs sur un fond de soie crème, et des jeunes filles âgées de 11 à 13 ans, qui, s’étant longuement entraînées sur leurs samplers, en assuraient l’exécution. Les zones brodées à plat étaient travaillées en soie floche, aux points passé, fendu et de tige, tandis que les reliefs étaient réalisés au points de feston, de grille, de noeud, etc. On rembourrait parfois ponctuellement les ouvrages sur l’envers avec de la laine cardée, après quoi on les doublait.
Les brodeuses habillaient leurs personnages de tout petits vêtements plissés et drapés. Elles imitaient cravates de dentelle, rubans et autres articles de passementerie, à l’aide de points de feston, par exemple, brodés avec des fils d’épaisseur variée ; petites perles, fil de métal et paillettes servaient en outre à confectionner les bijoux. Les visages et les mains étaient rapportés après avoir été taillés dans une pièce de bois ou fabriqués à l’aide de fils de fer recouverts de tissu et de broderies. Guirlandes de fleurs et de fruits s’épanouissaient sur leurs branches de fils de fer recouverts de soie de couleur.

Suède - Voir article dans Broderie et arts textiles dans le monde.

Suédine - Etoffe de coton imitant le cuir suédé (de daim ou de veau, par exemple), dont l’effet doux et duveteux est obtenu par un tissage au velours tondu ras. La suédine est utilisée pour confectionner des blousons et des vêtements de sport.

Suisse, broderie - Originaire de Suisse, comme son nom l'indique, elle consiste en points plumetis et points de feston, des oeillets bordés et des jours remplis de rosettes ouvragées, un peu de broderie d'ombre et du remplissage. Elle est toujours réalisée sur un tissu transparent, de l'organdi, de la mousseline ou un lin extrêmement délicat.

Sulfurisation - Traitement qui donne aux matières cellulosiques - papiers et tissus - un aspect raide et translucide. Le papier est en outre rendu imperméable aux graisses. Le matériau est rapidement passé dans un bain froid d’acide sulfurique, ce qui détruit superficiellement les fibres cellulosiques ; celles-ci bouchent les pores de la structure en cimentant les fibres. Les tissus ayant subi ce traitement sont moins solides et moins résistants aux déchirures. L’organdi, par exemple, est un tissu sulfurisé.

Suzani - Signifiant aiguille en persan, le mot suzani désigne d’extraordinaires tissages brodés qui proviennent d’Asie centrale, principalement d’Ouzbékistan (Boukhara) et du Turkestan oriental. Aux XVIIIèle et XIXème siècles, ces tentures faisaient partie du trousseau des jeunes filles et servaient à égayer les intérieurs de leurs coloris lumineux. Sur un fond en coton tissé à la main, les femmes brodaient des motifs floraux et de grandes rosaces avec des fils de soie multicolores.

Suzhou, broderie - Depuis plus de 2 000 ans, cet art chinois, de la région de Suzhou, a la particularité d'être dense, brillant, lisse et lustré. Les broderies n'utilisent que 18 points différents (dans la tradition, une quarantaine maintenant), mais plus de mille teintes différentes de fils. Le motif traditionnel est le chat et le poisson rouge, où plus de vingt teintes différentes de fils de soie sont employées uniquement pour un seul oeil du chat et du fil à 48 brins, un seul est utilisé pour la queue du poisson. La nouvelle technique du double-face a permis de réussir deux motifs complètement différents sur chacun des côtés du tissu, travaillés tous deux en même temps.

Svastika - La croix gammée, qui a marqué si tristement l’histoire contemporaine, figure pourtant parmi les symboles les plus anciens et les plus répandus : on la retrouve avec de légères variations en Inde, en Chine, en Iran et en Grèce, aussi bien qu’au Mexique ou en Scandinavie. Le svastika (« bon » en sanskrit) évoque dans presque toutes les cultures le bonheur et le soleil ; son pouvoir bénéfique lui vaut d’être représenté notamment sur de nombreux tapis d’Orient.

Sources :
"Autour du Fil, l’encyclopédie des arts textiles", Editions Fogdtal, Paris, 1988, volume 17
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